Le Premier ministre israélien s’est dit opposé mardi à tout cessez-le-feu « unilatéral » au Liban, qui n’empêcherait pas le Hezbollah de regrouper ses forces dans la zone frontalière, au moment où le mouvement islamiste défie Israël en menaçant de l’attaquer « partout » sur son territoire.
Les Etats-Unis ont dans le même temps accru la pression sur Israël, se disant « opposés » à la campagne de bombardements menée sur Beyrouth et menaçant leur allié de suspendre leur aide faute d’une augmentation « spectaculaire » de l’assistance humanitaire à la bande de Gaza, au plus bas selon l’ONU.
Le ministère de la Santé libanais a rapporté dans la soirée de mardi que neuf personnes avaient été tuées dans des frappes israéliennes sur plusieurs villages du sud du Liban. Une frappe israélienne sur une localité de l’est du pays, frontalier de la Syrie a également fait cinq morts, dont trois enfants, selon le ministère.
Dans un discours, le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, a affirmé mardi que « la solution » pour mettre fin à la guerre au Liban était « un cessez-le-feu », assurant que son mouvement ne serait « pas défait » par l’armée israélienne, qui mène depuis le 30 septembre une offensive terrestre dans le sud du pays, appuyée par des frappes aériennes.
« Comme l’ennemi israélien bombarde tout le Liban, nous avons le droit, en position de défense, d’attaquer partout dans l’entité ennemie israélienne, dans le centre, dans le nord et dans le sud », a lancé M. Qassem.
Benjamin Netanyahu s’est dit opposé à un « cessez-le-feu unilatéral, qui ne changerait pas la situation sécuritaire au Liban » et qui « n’empêcherait pas le Hezbollah de se réarmer et de se regrouper » dans le sud du Liban, lors d’une conversation téléphonique avec le président français Emmanuel Macron.
Mardi, le mouvement armé libanais a annoncé avoir visé « trois bulldozers et un char Merkava » israéliens dans un village frontalier du sud du Liban et fait état de « combats rapprochés ».
Il a revendiqué des tirs de roquettes sur plusieurs régions du nord d’Israël, dont Haïfa et Safed, et affirmé avoir abattu deux drones israéliens.
Après près d’un an d’échanges de tirs frontaliers avec le Hezbollah et après avoir affaibli le Hamas dans la bande de Gaza, Israël a déplacé à la mi-septembre le front de la guerre au Liban, affirmant vouloir éloigner le Hezbollah de la frontière israélo-libanaise et mettre un terme à ses tirs de roquettes, afin de permettre le retour dans le nord d’Israël de quelque 60.000 habitants déplacés.
Les autorités libanaises ont annoncé mardi que 41 personnes étaient mortes la veille à travers le pays. Au moins 1.356 personnes ont été tuées au Liban depuis le début des bombardements massifs le 23 septembre, selon un décompte de l’AFP établi à partir de chiffres officiels, qui pourrait être en réalité plus élevé.
L’ONU a recensé près de 700.000 déplacés.
Mardi, l’armée israélienne a bombardé la région de la Békaa, dans l’est, mettant hors service un hôpital à Baalbeck, et le sud du Liban, selon l’agence de presse libanaise ANI.
« C’était une nuit violente à Baalbeck, nous n’en avons pas connu de semblable depuis la guerre de 2006 » entre Israël et le Hezbollah, a témoigné Nidal al-Solh, 50 ans, alors que les décombres fumaient encore dans la ville.
L’armée a affirmé avoir capturé trois combattants du Hezbollah dans le sud du Liban.
Alors que les récentes frappes israéliennes ont visé principalement les fiefs du Hezbollah dans le sud et l’est du Liban ainsi que la banlieue sud de Beyrouth, le département d’Etat américain a annoncé avoir informé le gouvernement israélien qu’il « s’opposait à la campagne de bombardements qu’il a lancée ces dernières semaines à Beyrouth ».
Par ailleurs, l’ONU a réclamé une enquête sur une frappe israélienne lundi dans le village chrétien d’Aïto, dans le nord du Liban, qui a fait, selon elle, 22 morts dont 12 femmes et deux enfants.
Alors qu’Israël poursuit ses offensives contre le Hezbollah au Liban et contre le Hamas à Gaza, tous deux alliés de Téhéran, ses dirigeants disent préparer la riposte à l’attaque aux missiles iranienne du 1er octobre.
Benjamin Netanyahu a affirmé mardi que son pays déciderait seul, en fonction de son « intérêt national », des éventuelles cibles à frapper en Iran, après des appels du président américain Joe Biden à épargner les sites pétroliers et nucléaires.